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Vous trouverez ici des articles sur des sujets bien étranges ou décalés qui de prime abord n'ont que peu de rapport avec la généalogie ! Mais comme dit le dicton "l'habit ne fait pas le moine". Alors lecteur de passage ou "fan" de la première heure, vous trouverez ici, je l'espère, de quoi nourrir votre curiosité ! Bonne lecture.
10/05/2021
La culotte
Connaissez-vous réellement l’histoire de ce petit bout de tissu ? non ? Alors, prêt à découvrir son histoire ?
La culotte fait partie des dessous féminins. Si, pendant des siècles, la plupart des hommes ont pensé que la lingerie avait été créée dans le but de les séduire, il n’en est rien. Certes, il y a bien une volonté de séduction à certain moment de la vie mais comme l’explique Chantal Thomas, créatrice de mode : « en choisissant de porter de jolis et séduisants dessous, toutes les femmes ont un comportement, une démarche quelque peu égoïste, voire narcissique. La lingerie peut aider une femme à se sentir bien dans son corps, ainsi à mieux l’aimer et l’accepter et, ce faisant, à être plus épanouie et surtout à affirmer une réelle assurance. ».
Oui, je vous vois venir avec vos gros sabots ! Se sentir glamour au Moyen-âge ou à la Révolution, cela ne devait pas être évident. Rhhââ, je vous reconnais bien là. Allez, suivez-moi, nous partons sur les origines de la culotte.
Les dessous ont permis de structurer les formes, de modifier la silhouette et de la transformer au fur et à mesure des changements de mode. Selon les circonstances de la vie et/ou la classe sociale, les dessous ne sont pas les mêmes. Ils sont nombreux et il est d’usage de les différencier en trois catégories : la lingerie, la corseterie et la bonneterie. La culotte fait partie de la lingerie.
Durant l’Antiquité, le corps est nu sous la tunique pour les esclaves, les danseuses ou les musiciennes. Cela permettait de marquer la différence de statut social.
Pour les femmes les plus aisées de la Grèce Antique ou de la civilisation romaine, la féminité se cache sous des bandes de tissus qui aplatissent les hanches et la poitrine. Les Grecques comme les Romaines portent le Zona. Il s’agit d’une bande de tissu qui enserre et aplatit le ventre. En somme, l’ancêtre de la culotte.
Site UNESCO - Villa romaine du Casale, Piazza Amerina en Sicile, Italie
Pour l’Européenne du XVe siècle, le corset est apparent. Mais dessous, point de culotte, que nenni ! Seulement une chainse, une sorte de longue chemise de nuit qui, d’ailleurs, deviendra plus tard la chemise.
A la Renaissance, Catherine de Médicis initie la femme au port du caleçon. Il est aussi appelé « brides à fesses ». Il couvre les jambes de la taille aux genoux et des jarretières l’attachent par le bas. Toutefois, ce caleçon est un élément réalisé en tissus luxueux. Il est destiné à être montré lors des promenades à cheval ou dans les escaliers. Il n’est pas ici utilisé par hygiène ou par pudeur.
Au XVIIIe siècle, la femme est de nouveau nue sous ses vêtements et sa chemise. La chemise est une tunique un peu évasée descendant jusqu’au genou et à toile épaisse. En généalogie, on peut trouver la liste des trousseaux dans les archives notariales. Certains étaient parfois plus considérables que d’autres. Mais cela nous donne une idée de la richesse des propriétaires. En effet, au XVIIIe siècle, le linge était prévu pour durer et n’était lavé que deux fois par an seulement. Cela explique parfois la quantité de linge dans certains trousseaux. Les chemises sont faites en chanvre car même si le tissu est moins fin, il est surtout plus costaud.
Photo personnelle – Chemise de nuit avec un rapiècement car elle a été usée à cet endroit à force de s'essuyer– Prêtée par Mme C.
Photo personnelle – Détail de la pièce de la chemise de nuit – Prêtée par Mme C.
Au XIXe siècle, notre fameuse culotte fait son retour ! Ces caleçons portent le nom de pantalon féminin. Soit l’ancêtre de notre culotte. Il est plus court et arrive jusqu’au-dessous des genoux. Il est fermé à la taille par un lacet et est doté d’une fente à l’entrejambe. Même si cette dernière diminue dans les classes dominantes, elle reste grande en province ainsi que pour les filles soumises. Ce pantalon fendu a de bien diverses appellations comme la « culotte fendue » ou la « culotte à trappons » ou bien encore la « culotte pisse-debout ». Il ne me semble pas nécessaire de vous expliquer pourquoi. Le linge de maison comme les vieux draps étaient parfois réutilisés et devenaient des culottes. Le plus souvent, le tissu était en coton. Cette lingerie est de couleur blanche. La chemise y est souvent rentrée à l’intérieur. Pourtant, la couleur arrive doucement et certaines femmes osent le jaune ou le rouge. A cette époque, le savon et autres produits d’entretien ont la part belle grâce aux journaux et revues de mode. Dans les campagnes, nous trouvons encore les anciens lavoirs utilisés par les femmes. Il faut savoir que le linge sale était placé dans des sacs avec de la cendre. Celle-ci avait pour but d’absorber l’humidité et d’éviter ainsi la moisissure en attendant la lessive !
Attention, il ne faut pas confondre avec le « vrai pantalon » que certaines femmes portaient pour faire du vélo ou autres activités. Le 17 novembre 1800, une loi rentrait en vigueur interdisant aux femmes le port du pantalon. Ce texte précise d’ailleurs que « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation ». Deux circulaires de 1892 et 1909 autorisent le port du pantalon aux femmes « si la femme tient à la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ». Même si la loi n’est plus appliquée actuellement, il semble qu’elle ne soit toujours pas abrogée.
Au XXe siècle, la couleur est présente. Les couleurs et les ornements changent selon les saisons :
- De 1910 à 1920, les femmes portent des dessous rose ou bleu ciel. Les couleurs sont encore pâles et sont synonymes de virginité et de pureté.
Photo personnelle – Culotte fermée courte de couleur mauve – Histoire2linge.com
- De 1920 à 1930, en plus des couleurs citées précédemment, les teintes jaunes, violettes, vertes jade apparaissent parfois même agrémentées de rubans crème. Le noir est réservé pour le soir ou pour les filles soumises. Les années 30 se parent également de couleurs pastel : chair, tous les roses, ivoire, bleu pâle ou vert.
Photo personnelle – Culotte fendue à ruban et dentelle, estimation 1925 – Histoire2linge.com
Photo personnelle – Culotte fendue à ruban et dentelle, estimation 1925 – Histoire2linge.com
- Retour au blanc et au noir dans les années 50. Si ces couleurs sont fétiches pour l’époque, elles se voient ajouter les couleurs suivantes : café, turquoise, rose thé, le corail, pêche. Les imprimés légers font leur apparition avec des fleurs ou des rayures. Le pantalon féminin ou culotte fendue sont remplacés par la culotte moulante.
Photo personnelle – culotte fendue à rayure – Histoire2linge.com
- En 1960 arrive le panty. Une culotte qui couvre le nombril et qui descend sur les cuisses. C’est à partir de 1960, que naît le sous-vêtement féminin que l’on connaît : l’ensemble culotte et soutien-gorge. Les couleurs deviennent vives, voire très vives et les imprimés à fleurs, à pois ou à rayures deviennent très couvrants.
- Les années 1980 se parent d’une nouveauté avec l’arrivée du string. On peut comparer le string au Brides à fesses de Catherine de Médicis. En effet, si le peu de tissu permet de porter des vêtements prêts du corps sans marque, le string a plutôt une connotation de lingerie sexy.
Les sous-vêtements ont bien évolué. De nos jours, les femmes ont gagné en confort, légèreté et fantaisie et peuvent choisir les sous-vêtements qui leur ressemblent. Cela change du lin ou de la laine que l’on pouvait trouver dans l’Antiquité. Le coton prend de l’essor dans les années 1970 car il est plus naturel. La soie, elle, est plus utilisée pour le luxe. Alors, oui, lors de vos découvertes généalogiques, j’espère que vous aurez un petit œil brillant lorsqu’au détour d’un contrat de mariage ou d’une succession, vous lirez le détail du trousseau de vos ancêtres. Ou que vous aurez un petit sourire aux coins des lèvres, lorsque vous vous surprendrez à dire : Tiens, cette culotte doit dater de cette période !
Merci à Histoire de Lin…ge de Nathalie Trusas pour son aide et sa gentillesse, https://www.histoire2linge.com/. Elle a une boutique en ligne et c’est à voir !
Je remercie également Mme C. pour le prêt de la chemise de nuit ancienne.
Sources : Cnrtl, « Les dessous féminins » de Muriel Barbier et Shazia Bouchet, Chantal Thomass, Sénat.fr,
19/03/2021
Comment les distinguer ?
Le calvaire est bien souvent un monument érigé près d’une église, dans un cimetière. C’est une croix monumentale en pierre qui comporte au moins trois personnages présents au Golgotha. Le mot calvaire vient de la traduction de l’araméen Golgotha et signifiait crâne. Le calvaire commémore la crucifixion du Christ sur le mont du même nom.
La croix est plus simple et se retrouve au bord des routes, aux entrées ou dans les villes et les villages.
C’est au début du VIe siècle que la croix devient un objet de culte pour les fidèles chrétiens. Plus tard, vers le XIe siècle, les croix apparaissent en dehors des lieux de cultes. Au XVe et XVIe siècles, elles deviennent plus importantes aux yeux des gens et cela jusqu’à la Révolution. La Révolution entraînera beaucoup de destructions, dont celles de nombreuses croix et calvaires. Au XIXe siècle, ces monuments seront restaurés ou à nouveau érigés et joueront un rôle de guide et de protection.
Il y a différents types de croix :
- Les croix de justice : la croix se trouvait sur la place à côté du pilori, le lieu où étaient exposés publiquement les « criminels ».
Croix de justice de la commune de Le-Malzieu-Ville, Lozère
- Les croix des chemins ou des carrefours : souvent implantées en bordure de route ou de chemin, elles avaient plusieurs symboles : effacer un lieu de culte païen, protéger des récoltes, un lieu d’asile (juridiction religieuses) ou une limite de territoire (seigneuries, communes ou juridictions religieuses).Mais elles pouvaient également être un lieu de mémoire (épidémies, catastrophes), un lieu de témoignage de reconnaissance pour la protection (protégé d’un incendie, inondations, pas de victimes de guerre, etc.) ou être encore le témoignage du passage d’un Saint ou d’un événement religieux. A un carrefour, elles servaient le plus souvent à guider, à indiquer et selon l’époque, elle protégeait le voyageur des mauvaises rencontres.
Croix de chemin de la commune de Puy-Saint-Martin, Drôme
- Les croix et les pierres des morts : les cimetières se trouvaient autour des églises. Avec le temps, ceux-ci ont été déplacés le plus au souvent éloignés des habitations. Dès lors, le trajet devenait assez long. En effet, le corps du défunt était souvent porté à bras d’homme et non en « voiture ». C’est pourquoi certaines croix avaient une dalle en pierre à leur côté où se trouvait parfois une dépression circulaire dite cupule. Cette cupule servait à recevoir les pièces de monnaies destinées aux porteurs. La pierre des morts était aussi appelée pierre d’attente.
Croix et sa pierre des morts, commune de Saint-Germain-de-Modéon en Côte d’Or.
- Les croix de mission : L’église voulait rassembler ses fidèles, leur redonner la foi, c’est pourquoi elle forme des prêtres et des prédicateurs missionnés pour réévangéliser les populations. Ces croix comportent plus on moins de symboles. La croix de mission des photos ci-jointes aurait été érigée pour les missions de 1848, 1879 et 1960.
Photo personnelle - Croix de mission de Puy St Martin - Drôme
La lecture se fait du haut vers le bas et si certains symboles peuvent interpeller, ils racontent tous la passion du Christ.
Du haut vers le bas : Le calice entouré de rayons et posé sur un nuage.
Sur l’axe horizontal de la croix, on peut voir de gauche à droite : les trois clous, une aiguière qui est vase ancien muni d’une anse et d’un bec, la couronne d’épine et le cœur de Jésus, la main du garde qui gifla Jésus et enfin le marteau et la tenaille qui ont servi à enfoncer ou enlever les clous du crucifié.
Nous continuons à nouveau sur l’axe central en descendant et nous pouvons observer le voile de Véronique portant le visage du Christ, un faisceau (voir mon précédent article sur l’en-tête). Il comporte la lance, le glaive et la branche qui porte l’éponge qui humecta les lèvres du supplicié, l’échelle pour descendre le corps. S’ensuit la colonne où Jésus a été flagellé et le fouet. Pour finir on trouve la tunique de Jésus et les dés avec lequel les soldats jouèrent afin de tirer au sort le partage de ses vêtements.
Photo personnelle - source croix de mission - Puy St Martin - Drôme
Sur le socle, on peut lire missions de 1879 et 1960. Les symboles se trouvant sur cette croix relate la Passion du Christ telle qu’elle est racontée par les Evangiles.
Photo personnelle, croix de mission de la commune de Puy-Saint-Martin, Drôme
Cette autre croix de mission a d’autres symboles mais également en lien avec la Passion du Christ. Ici, on peut voir de la vigne mêlée à des épis de blé. Le blé pour le pain symbolise le corps du Christ alors que la vigne pour le vin symbolise le sang du christ.
En haut, au centre de la croix, se trouve le cœur et la couronne d’épine alors qu’en bas au niveau du socle on peut y voir deux têtes d’anges qui symbolisent l’annonce de la résurrection du Christ. Sur le socle, on peut lire Mission de 1848.
Bien sûr, toutes ces croix ont des spécificités régionales et certaines associations se mobilisent pour les protéger, les restaurer et éviter que leur histoire tombe complétement dans l’oubli.
Sources : Office de tourisme de la Lozère ; Jean-François DEVALIERE de l’Association de sauvegarde des édifices ruraux de Côte d’Or ; Département de la Drôme ; Patrick GARCIA, Mémoire des Hommes de Sainte Livrade sur Lot ; Marcel BAUDOUIN, Les pierres d’attente des morts de France ; Jean MICHEL « Croix en fer forgé du Val de Mouthe et alentours » ; Le Club Patrimoine de Lassouts, les croix des missions.
19/03/2021
Les taxes : une mine d’or généalogique.
Aujourd’hui, intéressons-nous à la taxe sur les chiens.
C’est en 1855, sous le gouvernement de Napoléon III, qu’est votée une loi sur la taxation des chiens.
Mise en application dès l’année suivante, elle oblige les propriétaires à déclarer leurs chiens et ainsi à s’acquitter d’une taxe municipale. Cette loi perdure jusqu’en 1971, année, où elle est abrogée. En effet, le rendement de cette taxe devient trop faible et de plus en plus difficile à percevoir.
Mais alors pourquoi une taxe sur les chiens ?
Depuis plusieurs années, le nombre de chiens grandissait fortement. Les élites de notre pays ne cessaient de réclamer une taxe afin de pouvoir régler trois problématiques :
- La nourriture des chiens enlevait « le pain » aux nécessiteux qui souffraient de la faim.
- Certains chiens véhiculaient la rage
- Les chiens errants attaquaient les personnes, les troupeaux et le gibier.
Cet impôt local direct avait pour but de financer la gestion des chiens errants et ceux porteurs du virus de la rage. Il allait de 1 à 10 francs par chien. Tous les ans chaque propriétaire devait déclarer son ou ses chiens en mairie.
Les chiens étaient classés en deux catégories :
- Catégorie 1, la plus taxée, pour les chiens dit d’agrément ainsi que tous les chiens de chasse.
- Catégorie 2, la moins taxée, pour tous les chiens de troupeaux, de garde et les chiens d’aveugles.
La taxe ne s’appliquait pas aux chiots encore nourris par leur mère.
Photo personnelle - source : registre des taxes sur les chiens - Archives municipales de Puy St Martin
De nos jours, une loi relative aux chiens existe. Bien que celle-ci distingue les chiens en deux catégories, ici s’arrête la ressemblance. La législation a pour but d’identifier et de classer les chiens dit « dangereux » en deux catégories :
- catégorie 1 : chiens d’attaque
- catégorie 2 : chiens de garde et de défense.
Les propriétaires doivent posséder un permis de détention et ne sont pas soumis à taxe mais seulement à des amendes en cas de non-respect de la loi.
Sources :Archives Départementales du Cantal et Hypothèses de la Bibliothèque Nationale de France, photo source personnelle d’une matrice générale des contributions directes
19/03/2021
Au cours de mes recherches, je consulte des documents à foison et la plupart sont sans grand attrait visuel. Mais parfois, j’ai de belles surprises.
Dans cette photo, je vous présente un en-tête de lettre.
photo personnelle -Source AD Drôme, cote L1009.
Comme l’explique le dictionnaire de la langue française, un « en-tête est une courte formule imprimée ou gravée en tête de lettre, d’un document commercial ou administratif et qui donne divers renseignements sur la nature de son expéditeur ».
Très bien, mais que peux nous apprendre ce visuel ?
Il est issu d’un courrier envoyé aux Administrateurs du Département de la Drôme par les Entrepreneurs des Métiers de Fonderie et Construction d’Artillerie. Nous sommes le 17 Vendémiaire An 3 du calendrier républicain , soit le 8 octobre 1794 de notre calendrier.
Durant la période révolutionnaire, les symboles du régime monarchiques ont été remplacés. Le développement de l’imprimerie et la liberté de la presse ont permis une large diffusion de nouveaux emblèmes (ou symboles) assez variés. Sur cette photo, nous en avons un exemple.
On peut lire la devise « guerre aux tyrans ; paix aux peuples », le nom de l’administration : « Fonderie et Construction d’Artillerie », « Liberté et Egalité » et enfin « la République Française une indivisible »
L’emblème de cette administration est resté : des canons, des boulets. Mais regardez bien, on y trouve aussi une sorte de pilier au centre surmonté d’un bonnet phrygien, une branche de chêne, une autre d’olivier et une hache.
Cela ne vous rappelle rien ? Non ? Vraiment ?
Vous trouverez ce symbole sur la couverture de votre passeport.
photo source personnelle.
Si, si, regardez bien la photo ci-dessus.
Cet emblème se nomme le faisceau du Licteur. Il est très souvent utilisé pour représenter la République Française, même s’il n’a aujourd’hui aucun caractère officiel.
Selon le site officiel de l’Elysée : « C’est un symbole qui nous vient du pouvoir romain ».
Les faisceaux sont constitués par l'assemblage de branches longues et fines liées autour d'une hache par des lanières. Dans la Rome antique, ces faisceaux étaient portés par des licteurs, officiers au service des Magistrats et dont ils exécutaient les sentences.
La révolution française réinterpréta ce symbole : le faisceau représente désormais l'union et la force des citoyens français réunis pour défendre la Liberté. L'Assemblée constituante impose en 1790 ses « antiques faisceaux » comme nouvel emblème de la France.
À la chute de la Monarchie, le faisceau de licteur devient un des symboles de la République Française « une et indivisible » (tel un faisceau). Il est repris sur le sceau de la Ière République et est toujours en usage aujourd'hui. Des branches de chêne et d’olivier entourent le motif. Le chêne symbolise la justice, l’olivier la paix. »
Maintenant lorsque vous sortirez votre passeport ou d’autres documents portant ce symbole, vous aurez une petite pensée pour cet en-tête de lettre sorti de sa cachette, noyé parmi plusieurs dizaines de documents.
08/03/2021
Au XIXe siècle, différentes études sur les dénombrements de population et la comparaison avec les nations voisines font ressortir le constat suivant :
- La France subit inexorablement une baisse de la population.
La guerre de 1870 qui entraine la perte d’environ 130 000 Français n’aide pas à améliorer les chiffres.
Deux moyens pour combattre la baisse de la population sont pointés :
- L’augmentation de la natalité
- La diminution de la mortalité
Le gouvernement incite alors les Français à faire des enfants. Certains avantages matériels, quelques privilèges ou des récompenses sont accordés aux familles nombreuses mais ils n’amènent aucun résultat sérieux.
Il reste donc à lutter contre la mortalité. Elle est plus conséquente et anormale dans les premières années de vie que pendant l’âge adulte.
Les études du Docteur Monot (1830-1914) démontrent que de nombreux nouveaux-nés meurent alors qu’ils sont confiés à des nourrices. La mise en nourrice commence à être critiquée et l’exposé d’un mémoire par le Docteur Monot à l’Académie de Médecine suscite de longs débats.
Quelles sont les causes d’une telle surmortalité chez une nourrice ?
Elles sont multiples et en voici quelques exemples :
- Transports des enfants par des « meneurs » qui s’en occupent mal et les couvrent mal.
- Moins de lait pour le bébé car la nourrice continue malgré tout à nourrir sa propre progéniture.
- Recours à l’allaitement artificiel animal ou à des bouillies.
- Mauvaises conditions d’hygiène ou manque de surveillance.
- Soins prodigués par la nourrice au lieu d’appeler le médecin.
Pourquoi demander à une nourrice d’élever ou d’allaiter son nouveau-né ?
Au XIXe siècle, la mise en nourrice est très répandue. Et ce, quel que soit le milieu social.
Il faut déjà prendre conscience qu’à cette époque les mentalités sur l’allaitement ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui.
Une mère bourgeoise ou aristocrate ne peut accomplir en même temps ses devoirs d’épouse et de mère nourricière. Allaiter est inesthétique, cela abîme la beauté des seins. Le mariage chrétien impose fidélité entre époux mais, ce que l’on sait moins, c’est qu’il est tabou d’avoir des rapports sexuels pendant l’allaitement. Le mari n’a plus qu’à envoyer son enfant en nourrice et cela règle le « problème ».
Dans le milieu ouvrier, les femmes travaillent par nécessité. Elles n’ont donc pas le temps de s’occuper de leurs enfants. Ces derniers sont alors envoyés en nourrice.
Le constat est clair : la médecine et l’hygiène peuvent venir en aide et sauver des vies.
C’est pourquoi la loi du 23 décembre 1874 relative à la protection des enfants de premier âge est promulguée. Ce texte, également dénommé « loi Roussel » est un code des droits et devoirs à l’attention des « gardiennes d’enfants ». Théophile Roussel (1816-1903) est un médecin, philanthrope et politicien.
Cette loi a pour but :
- de mettre en place une surveillance attentive sur tout enfant de moins de 2 ans placé en nourrice loin du domicile des parents. Dans les mairies, deux registres sont mis en place : le premier à l’attention des parents ou ayant droits, le deuxième pour les nourrices, sevreuses ou gardeuses. La distribution d’une notice hygiénique est distribuée lors des déclarations de naissances.
- de créer un service de protection des enfants du premier âge pour consolider le système de surveillance médicale des enfants protégés.
- de dispenser des conférences sur l’hygiène infantile.
- d’introduire dans les campagnes les prémices des principes de la puériculture.
Les instructions sur la désinfection sont envoyées gratuitement lorsqu’un cas d’affection transmissible est signalé dans une famille. Celle qui concerne la rage est envoyée aux écoles, à tous les agents de police et au receveur municipal qui reçoit les personnes venues déclarer les taxes sur les chiens.
La mise en pratique n’est pas facile mais toutes ces mesures ont une action efficace contre la mortalité infantile et contribuent à sauver un très grand nombre d’enfants.
Entre 1898 et 1914, 76 000 et 90 000 enfants sont placés en sevrage ou en garde chez une nourrice rémunérée et relèvent de la protection instituée par la loi de 1874.
Il existe une disparité entre les enfants dit légitimes (nés de parents mariés) et les enfants naturels (nés hors mariage) dont la plupart du temps, la mère est célibataire. Mais aussi entre des pupilles de l’Assistance publique et des enfants secourus temporairement. Les mères de ces derniers reçoivent cette aide en vue de payer la nourrice.
Des modifications importantes ont lieu juste avant la guerre :
- L’âge des enfants lors de leur départ en nourrice. En effet, l’enfant part plus tard en nourrice.
- Le mode d’alimentation. La révolution du biberon est massive grâce aux progrès de la stérilisation du lait et des découvertes de Louis Pasteur (1822-1895). De plus, les mères sont mieux informées et les nourrices refusent de sevrer leur propre enfant trop tôt et préfèrent se louer « au biberon ».
- La manière dont parents et nourrices concluent leur accord.
En parallèle, les caractéristiques des nourrices changent. Elles sont souvent âgées de plus de 40 ans et non mariées. Dernière évolution majeure, parents et nourrices se passent de plus en plus des services des bureaux de placement. L’essentiel des placements se fait par connaissance.
Pendant et après la première guerre mondiale, on observe une nette diminution des enfants placés en nourrice. La difficulté d’avoir un transport gène le voyage des nourrices et des nourrissons. Mais surtout, les nourrices, pour la plupart paysannes, ont dû prendre la place des hommes dans les travaux agricoles. Après-guerre, les femmes continuent à remplacer les disparus à la tête des exploitations agricoles. Le système de nourrices traditionnelles baisse brutalement. Les mères ont dû trouver d’autres solutions de garde pour les enfants :
- Le nombre de places augmente en crèches. La première crèche est créée en 1844 à Paris, dans le but de lutter contre la mortalité infantile. Reconnues d’utilité publique en 1869, ce n’est qu’après la première guerre mondiale que les crèches se développeront car la pensée collective a évolué.
- Le placement à la journée chez une « nourrice voisine » devient le plus courant
Le terme « nourrice » est substitué par celui d’assistante maternelle !
Le service, qui à l’origine était un service d’hygiène enfantine, sera transformé des années plus tard en service d’assistance.
Nadège TRIBOUILLARD
Registre des déclarations des nourrices, sevreuses ou gardeuses, source Archives municipales de Puy Sain Martin, photo personnelle.
Registre des déclarations des nourrices, sevreuses ou gardeuses, source Archives municipales de Puy Sain Martin, photo personnelle.
Sources : Proposition de loi, procès-verbal de la séance du 24 mars 1873 à l’Assemblée Nationale ; Emile Alcindor de l’Institut Français de l’Education ; Union Fédérative Nationale des Associations de Familles d’Accueil et Assistants Maternels (UFNAFAAM) ; Archives Départementales du Vaucluse ; Nourrices et nourrissons dans le Département de la Seine et en France de 1880 à 1940 de Catherine Rollet ; Protection des enfants du 1er âge de la mortalité et des moyens de la combattre par le Dr Liétard ; La mise en nourrice, une pratique répandue au XIXe siècle, d’Emmanuelle ROMANET. Catherine Bouve : L’utopie des crèches françaises au XIXe siècle : un pari sur l’enfant pauvre ; Les nourrices de Noëlle Renault.