© 2021-2024 - EI Nadège TRIBOUILLARD - 1501 Rte de Manas 26450 Puy Saint Martin - 06.84.22.27.20 - N° Siret 850 463 720 00019 - Code APE 9609Z

Prêt à découvrir votre Histoire ?
Généalogiste

Vous trouverez ici des articles sur des sujets bien étranges ou décalés qui de prime abord n'ont que peu de rapport avec la généalogie ! Mais comme dit le dicton "l'habit ne fait pas le moine". Alors lecteur de passage ou "fan" de la première heure, vous trouverez ici, je l'espère, de quoi nourrir votre curiosité ! Bonne lecture.

 

Les culottes

10/05/2021

Les culottes

La culotte


Le sujet des sous-vêtements est bien vaste mais aujourd’hui je m’intéresse à l’histoire de la culotte. 


Ce mot est employé à différentes périodes et définit diverses choses. En effet, vous connaissez certainement les « sans-culottes », nom donné aux manifestants populaires qui portaient des pantalons à rayures à contrario des culottes aristocrates.  Mais, il y a aussi la culotte qui définit une pièce de viande en boucherie ou bien encore l’expression, quelque peu péjorative à mon sens, de « porter la culotte », qui se dit d’une femme qui commande au sein de son foyer. 


Mais finalement, connaissez-vous réellement l’histoire de ce petit bout de tissu ?


Alors prêt à découvrir son histoire ?

 

La culotte


Connaissez-vous réellement l’histoire de ce petit bout de tissu ? non ? Alors, prêt à découvrir son histoire ?


La culotte fait partie des dessous féminins. Si, pendant des siècles, la plupart des hommes ont pensé que la lingerie avait été créée dans le but de les séduire, il n’en est rien. Certes, il y a bien une volonté de séduction à certain moment de la vie mais comme l’explique Chantal Thomas, créatrice de mode : « en choisissant de porter de jolis et séduisants dessous, toutes les femmes ont un comportement, une démarche quelque peu égoïste, voire narcissique. La lingerie peut aider une femme à se sentir bien dans son corps, ainsi à mieux l’aimer et l’accepter et, ce faisant, à être plus épanouie et surtout à affirmer une réelle assurance. ».


Oui, je vous vois venir avec vos gros sabots ! Se sentir glamour au Moyen-âge ou à la Révolution, cela ne devait pas être évident. Rhhââ, je vous reconnais bien là. Allez, suivez-moi, nous partons sur les origines de la culotte.  


Les dessous ont permis de structurer les formes, de modifier la silhouette et de la transformer au fur et à mesure des changements de mode. Selon les circonstances de la vie et/ou la classe sociale, les dessous ne sont pas les mêmes. Ils sont nombreux et il est d’usage de les différencier en trois catégories : la lingerie, la corseterie et la bonneterie. La culotte fait partie de la lingerie. 

 

Durant l’Antiquité, le corps est nu sous la tunique pour les esclaves, les danseuses ou les musiciennes. Cela permettait de marquer la différence de statut social. 


Pour les femmes les plus aisées de la Grèce Antique ou de la civilisation romaine, la féminité se cache sous des bandes de tissus qui aplatissent les hanches et la poitrine. Les Grecques comme les Romaines portent le Zona. Il s’agit d’une bande de tissu qui enserre et aplatit le ventre. En somme, l’ancêtre de la culotte.

 

villa romaine du casale, piazza Amerina sicile

Site UNESCO - Villa romaine du Casale, Piazza Amerina en Sicile, Italie

 

Pour l’Européenne du XVe siècle, le corset est apparent. Mais dessous, point de culotte, que nenni ! Seulement une chainse, une sorte de longue chemise de nuit qui, d’ailleurs, deviendra plus tard la chemise.


A la Renaissance, Catherine de Médicis initie la femme au port du caleçon. Il est aussi appelé « brides à fesses ». Il couvre les jambes de la taille aux genoux et des jarretières l’attachent par le bas. Toutefois, ce caleçon est un élément réalisé en tissus luxueux. Il est destiné à être montré lors des promenades à cheval ou dans les escaliers. Il n’est pas ici utilisé par hygiène ou par pudeur. 


Au XVIIIe siècle, la femme est de nouveau nue sous ses vêtements et sa chemise. La chemise est une tunique un peu évasée descendant jusqu’au genou et à toile épaisse. En généalogie, on peut trouver la liste des trousseaux dans les archives notariales. Certains étaient parfois plus considérables que d’autres. Mais cela nous donne une idée de la richesse des propriétaires. En effet, au XVIIIe siècle, le linge était prévu pour durer et n’était lavé que deux fois par an seulement. Cela explique parfois la quantité de linge dans certains trousseaux. Les chemises sont faites en chanvre car même si le tissu est moins fin, il est surtout plus costaud.

 

chemise de nuit

Photo personnelle – Chemise de nuit avec un rapiècement car elle a été usée à cet endroit à force de s'essuyer– Prêtée par Mme C.

 

 

pièce de chemise de nuit

Photo personnelle – Détail de la pièce de la chemise de nuit – Prêtée par Mme C.

 

Au XIXe siècle, notre fameuse culotte fait son retour ! Ces caleçons portent le nom de pantalon féminin. Soit l’ancêtre de notre culotte. Il est plus court et arrive jusqu’au-dessous des genoux. Il est fermé à la taille par un lacet et est doté d’une fente à l’entrejambe. Même si cette dernière diminue dans les classes dominantes, elle reste grande en province ainsi que pour les filles soumises. Ce pantalon fendu a de bien diverses appellations comme la « culotte fendue » ou la « culotte à trappons » ou bien encore la « culotte pisse-debout ». Il ne me semble pas nécessaire de vous expliquer pourquoi. Le linge de maison comme les vieux draps étaient parfois réutilisés et devenaient des culottes. Le plus souvent, le tissu était en coton. Cette lingerie est de couleur blanche. La chemise y est souvent rentrée à l’intérieur. Pourtant, la couleur arrive doucement et certaines femmes osent le jaune ou le rouge. A cette époque, le savon et autres produits d’entretien ont la part belle grâce aux journaux et revues de mode. Dans les campagnes, nous trouvons encore les anciens lavoirs utilisés par les femmes. Il faut savoir que le linge sale était placé dans des sacs avec de la cendre. Celle-ci avait pour but d’absorber l’humidité et d’éviter ainsi la moisissure en attendant la lessive !


Attention, il ne faut pas confondre avec le « vrai pantalon » que certaines femmes portaient pour faire du vélo ou autres activités. Le 17 novembre 1800, une loi rentrait en vigueur interdisant aux femmes le port du pantalon. Ce texte précise d’ailleurs que « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation ». Deux circulaires de 1892 et 1909 autorisent le port du pantalon aux femmes « si la femme tient à la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ». Même si la loi n’est plus appliquée actuellement, il semble qu’elle ne soit toujours pas abrogée.


Au XXe siècle, la couleur est présente. Les couleurs et les ornements changent selon les saisons :


-    De 1910 à 1920, les femmes portent des dessous rose ou bleu ciel. Les couleurs sont encore pâles et sont synonymes de virginité et de pureté.

 

culotte mauve

Photo personnelle – Culotte fermée courte de couleur mauve – Histoire2linge.com

 

-    De 1920 à 1930, en plus des couleurs citées précédemment, les teintes jaunes, violettes, vertes jade apparaissent parfois même agrémentées de rubans crème. Le noir est réservé pour le soir ou pour les filles soumises. Les années 30 se parent également de couleurs pastel : chair, tous les roses, ivoire, bleu pâle ou vert.

 

culotte fendue à ruban

Photo personnelle – Culotte fendue à ruban et dentelle, estimation 1925 – Histoire2linge.com

 

culotte fendue à ruban ete dentelles

Photo personnelle – Culotte fendue à ruban et dentelle, estimation 1925 – Histoire2linge.com

 

-   Retour au blanc et au noir dans les années 50. Si ces couleurs sont fétiches pour l’époque, elles se voient ajouter les couleurs suivantes : café, turquoise, rose thé, le corail, pêche. Les imprimés légers font leur apparition avec des fleurs ou des rayures. Le pantalon féminin ou culotte fendue sont remplacés par la culotte moulante.

culotte fendue à rayures

Photo personnelle – culotte fendue à rayure – Histoire2linge.com

 

-    En 1960 arrive le panty. Une culotte qui couvre le nombril et qui descend sur les cuisses. C’est à partir de 1960, que naît le sous-vêtement féminin que l’on connaît : l’ensemble culotte et soutien-gorge. Les couleurs deviennent vives, voire très vives et les imprimés à fleurs, à pois ou à rayures deviennent très couvrants.

 

-    Les années 1980 se parent d’une nouveauté avec l’arrivée du string.  On peut comparer le string au Brides à fesses de Catherine de Médicis. En effet, si le peu de tissu permet de porter des vêtements prêts du corps sans marque, le string a plutôt une connotation de lingerie sexy.


Les sous-vêtements ont bien évolué. De nos jours, les femmes ont gagné en confort, légèreté et fantaisie et peuvent choisir les sous-vêtements qui leur ressemblent. Cela change du lin ou de la laine que l’on pouvait trouver dans l’Antiquité. Le coton prend de l’essor dans les années 1970 car il est plus naturel. La soie, elle, est plus utilisée pour le luxe. Alors, oui, lors de vos découvertes généalogiques, j’espère que vous aurez un petit œil brillant lorsqu’au détour d’un contrat de mariage ou d’une succession, vous lirez le détail du trousseau de vos ancêtres. Ou que vous aurez un petit sourire aux coins des lèvres, lorsque vous vous surprendrez à dire : Tiens, cette culotte doit dater de cette période !

 

 


Merci à Histoire de Lin…ge de Nathalie Trusas pour son aide et sa gentillesse, https://www.histoire2linge.com/. Elle a une boutique en ligne et c’est à voir !


Je remercie également Mme C. pour le prêt de la chemise de nuit ancienne.


Sources : Cnrtl, « Les dessous féminins » de Muriel Barbier et Shazia Bouchet, Chantal Thomass, Sénat.fr,